samedi 16 avril 2016

Talk Talk - The Party's Over

1982 > Synth pop/New Romantic


Intéressons-nous à présent au cas plus singulier qu'il n'y paraît du groupe anglais Talk Talk dont réduire l'impact et le rôle sur les 80's à Such a Shame et à un simple pourvoyeur de singles pop à répétition serait une erreur. Car en réalité, ce groupe avec ce curieux chanteur à la voix haut perchée a au fil de sa discographie peu à peu constitué un véritable cas d'étude et dérivé de sa démarche initiale pour devenir un des défricheurs du jeune post-rock naissant. Cependant, en 1981, lorsque sort son premier disque The Party's Over, le groupe, qui ne compte alors pas de guitariste dans ses rangs, est encore solidement ancré dans le synth pop/new romantic ambiant alors en vogue avec toutes les conséquences que cela peut impliquer - notamment au niveau des synthétiseurs, détenus par Simon Brenner qui ne sera d'ailleurs plus de la partie sur l'album suivant It's My Life, qui sonnent parfois bien limite et cheap, je pense surtout à Mirror Man et Another Word. On peut malgré tout imputer cela sur le compte d'une première erreur de jeunesse.
La seconde est cette espèce de naïveté qui se dégage de certaines pièces de cet enregistrement: Hate et ses choeurs ou encore Another Word (une nouvelle fois !). Toutefois, The Party's Over - et son éponyme ambitieux et désabusé en tête - pour un disque de breakthrough, contient déjà trop de bombes ultra calibrées pour n'être seulement considéré comme un charmant et inoffensif exercice de style synth pop d'un quelconque groupe lambda: le premier single qui donne son nom au groupe et qui devait pulser méchamment en boîte en nuit, l'atmosphérique Have You Heard The News ? ou le superbe Candy nous indiquent clairement que Talk Talk est bel et bien un groupe prometteur et qu'il faudra compter sur eux pour la suite, ce que l'avenir proche nous confirmera en effet.  

  

Bryan Ferry - Avonmore

2014 > Funk/Rock/Pop sophistiquée


C'est peu dire que j'en attendais pas grand-chose de ce nouvel opus de Bryan Ferry. Déjà, pour être tout à fait précis, je ne l'avais jamais écouté en solo et si j'avais acheté cet Avonmore, c'était parce qu'il se destinait à être un cadeau de Noël pour une inconditionnelle de Roxy Music. Lorsque je l'ai lancé sur ma chaîne Hi-fi, c'était ainsi de manière tout à fait indifférente, sans y prêter trop attention - du moins au début, simplement pour faire plaisir à la destinataire de ce cadeau. Et puis Loop De Li - à l'intitulé rigolo d'ailleurs - a déboulé sans crier gare, avec son feeling typiquement British dans le texte et sexy à souhait, un titre dont notre dandy Anglais, toujours aussi fringuant malgré ses presque 70 printemps, a le secret lorsqu'il les pondait à la pelle avec Phil Manzanera et Brian Eno au sein de Roxy Music. Bien évidemment, ce titre est le premier single extrait de ce Avonmore, un choix plus que judicieux. Un premier single que Johnny Marr, fameux guitariste des Smiths, illumine de son phrasé si particulier, un des nombreux guests que compte ce disque car l'ami Ferry est ici bien entouré: outre Marr, on retrouve Flea des Red Hot, Mark Knopfler ou les fils de Bryan, à la batterie ou à la production, pour rester en famille. Les autres titres de cet Avonmore sont dans l'ensemble bons, naviguant entre glam, new wave et pop, même si parfois la voix de Ferry, moins capable de monter dans les aigus, se fait seulement sussurrée. Driving Me Wild, le très intimiste Lost ou l'excellente reprise de Robert Palmer Johnny And Mary, aérienne et électronique, assez proche de ce que pouvait nous proposer un groupe comme Kraftwerk, réalisée avec la complicité du DJ Todd Terje, qui clôt l'album d'une bien curieuse façon, froide et détachée, presque désabusée, contribuent à installer cet album au rayons des bonnes surprises de la fin d'année 2014.