mercredi 25 février 2015

Explosions in the sky - Take Care, Take Care, Take Care

2011 >  Post-rock

A peine la première piste de cet album instrumental, Last Known Surroundings, a-t-elle démarrée qu’une mise en scène prodigieuse s’opéra. La pièce fut envahie d’un embrun mystique s’échappant des accessoires d’écoute et bientôt, s’agglomérant en mousse près des fenêtres pour en forcer le passage et ainsi embaumer le monde extérieur. Si au départ les morceaux s’amorcent plutôt lentement, dans une atmosphère cajolante, les choses vont ensuite bon train, une fois que l’élan de solidarité a su rassembler les participants avec des règles atypiques : les sons plus légers attirent les plus lourds. Les actes de cette œuvre sont marqués par un phénomène caractéristique qui pourrait être qualifié de pression musicale. On y constate, en effet, une implication, dans un premier temps croissante, des émetteurs de sons qui viennent progressivement occuper l’espace acoustique. Il n’y a point de leader. C’est comme un spectacle de place publique grouillante de monde où tous les groupes parlent entre eux. Cet accroissement du nombre de dialogues contribue chaleureusement à l’augmentation de la pression jusqu’à une étape seuil. Celle-ci est marquée par la libération frénétique des passions, à la manière du champagne (à consommer avec modération) qui laisse déborder sa mousse après avoir été frénétiquement agité. Surviennent alors des instants apocalyptiques, comme dans Human qualities, où il ne reste plus rien. Seules quelques notes très timides renaissent de leurs cendres entraînant dans leurs mouvements des compagnons dont le ton n’est guère plus enthousiaste, à en oublier ce qui venait de se passer. Cela laisse croire que le groupe se freine pour ne pas jouer trop de notes. Moins elles sont nombreuses et mieux elles sont appréciées. Telle est la logique de ces passages. Le ton ne reste jamais bien longtemps déprimant, à l’image de Postcard from 1952 où il règne une ambiance plutôt bon enfant et de Trembling hands qui apporte un dynamisme certain qui se distingue par des baguettes de batterie qui carambolent dans un brouhaha vigoureux et saccadé. Pour conclure sur cet album, il convient de souligner que le groupe arrive à dresser des paysages étonnants par l’alternance de phases plus ou moins énergiques et par son jeu d’espace, qui reste bien sûr discret.

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