lundi 30 mars 2015

Thomas Azier - Hylas

2013/14 -> Electro-pop


Si vous êtes un peu lassé par les artistes à la voix timide, je vous propose Thomas Azier, un chanteur qui sait mettre ses tripes. Plus que la musique même, c’est la puissance vocale du Néerlandais qui interpelle. Son style est une rencontre bouleversante entre des instruments électroniques à la rigueur implacable et une voix qui laisse transparaître une véritable ferveur. Le chant se caractérise par des cris poussés jusqu’à l’exténuation sans jamais basculer vers la distorsion : la limite est simplement effleurée. Il est largement mis en avant, comme par exemple sur Red Eyes, et l’accompagnement, parfois relégué au second rang, comme si la partie instrumentale n’était qu’un support. Certains morceaux donnent dans un ton feutré qui jouxte une atmosphère tapageuse, à l’image d’Angelene. On écoutera avec profit la présence d’effets sonores qui s’introduisent de façon inopinée et viennent immédiatement redonner du rythme alors que le morceau commençait à peine à perdre de son intensité. Reste à espérer que cet artiste saura encore surprendre de la même manière avec son talent. Thomas Azier est certainement voué à connaître le succès dans l’univers de la musique pop, notamment au niveau de ses performances en live qui ont su me convaincre.

dimanche 22 mars 2015

The Cure - Faith

1981 > Post-punk/Gothique/Cold Wave


Je vous avais laissé sur l'ambiance marécageuse et post-orageuse qui caractérisait Seventeen Seconds. Faith en est la suite logique, l'instant où les flaques d'eau qui recouvraient aléatoirement le sol et les pavés ont séché, balayées par le vent glacial qui s'est installé en même temps qu'un épais brouillard. La pochette ne s'y est d'ailleurs pas trompée, revêtant un sombre gris, toujours parfaitement abstrait mais déjà plus menaçant et annonciateur du crépuscule et de la nuit qui vont bientôt tomber. Conséquence: il fait maintenant plutôt frisquet et cela se ressent au niveau du rythme cardiaque qui a considérablement ralenti - mis à part Primary et Doubt qui, à l'instar de Play For Today sur l'opus précédent, se chargent de semer le doute (haha) sur les réelles intentions de Faith et ce, à toute allure. Pour le reste, la batterie est un peu moins monomaniaque, la basse ronronne toujours autant et l'ensemble baigne dans un esprit gothique de plus en plus prononcé, la voix plaintive de Robert Smith n'y étant pas étrangère. La plus belle preuve en est ce Drowning Man, peut-être la meilleure réussite du skeud, véritable bouée lancée à la mer - et pour cause. Mais en fait bien plus que cela, Faith ne trouve plus la force de se plaindre, il se laisse noyer comme le personnage cité 2 lignes plus haut, porté par les vagues, inlassablement envoyé d'un côté ou de l'autre comme une bouteille arbitrairement rapprochée ou éloignée de son but profond. Faith, en réalité, est d'humeur parfaitement maussade, ne possédant pas d'envie particulière, à l'image de son éponyme, placé pour la 2° fois consécutive en ligne d'arrivée, qui trimballe sa carcasse fatiguée sur 6 minutes avant de s'évanouir en silence. Faith est l'album d'un groupe qui semble résigné, comme accablé par la révélation de la terrible épreuve qui les attend. Et cette épreuve, ce sera Pornography

dimanche 8 mars 2015

Pan Sonic - Kulma

1998 > Electro/Noise/Ambient/Electro-noise minimale


Chez les Pan Sonic, on soigne ses entrées. C'était déjà le cas sur Osasto - si vous en doutez filez relire ma chronique, bande de chenapans -, c'est la confirmation sur Kulma avec l'énorme Teurastamo, supersonique, bourré de décharges et d'électricité statique. Moins de brutalité cependant dans la suite et plus de place laissée aux nappes et textures qui permettent de développer des ambiances et donc le côté ambient de la chose. -25 coincé sur la banquise et soufflé par le blizzard, Hahmo glauque et lugubre, Murto Neste présentant un petit goût de supplice chinois. Kulma est en cela fluctuant, inconfortable, dénué de toute notion temporelle et laisse dans un état de transe végétative. Indiscernable et définitivement innotable mais néanmoins fascinant. On ramasse ses tympans tout flétris sur le sol et on passe à la suite, A