lundi 6 avril 2015

Coldplay - Parachutes

2000 > Pop/Rock/Britpop


Quelques notes de piano résonnent, peut-être les plus célèbres de cette décennie, avant d'être bientôt rejointes par batterie, basse et guitare. Le calme revient. Chris Martin entre en scène. "Oh no... I see." Trouble. Où étiez-vous la première fois que vous avez entendu Trouble ? Dans votre lit en train de roupiller tranquillement auprès d'une femme qu'elle soit vôtre ou pas, en train de vous préparer négligemment un insipide café au travail, derrière le volant essayant de vous frayer un chemin parmi la jungle urbaine aussi féroce qu'une meute de loups, chez le coiffeur, regardant avec inquiétude le tournant que prennent les opérations en répondant distraitement aux inévitables questions d'usage, dans la douche ou que sais-je encore ? Chacun a sa propre histoire avec Trouble, histoire tout à fait personnelle et bien à lui et qui conditionne par la suite l'image associée lors de l'écoute du morceau. Mon histoire à moi se déroule dans un salon de thé, un après-midi d'hiver avec des petits gâteaux, une BD sur la table, Le Choucas, sombre et parisienne, et dont on a plus trop de nouvelles aujourd'hui, qu'il s'agisse de son héros ou de mon exemplaire. Avec le recul et sans m'envoyer trop de fleurs, je me dis que cette ambiance feutrée et intimiste caractérise parfaitement la musique du Coldplay des débuts, celui de 2000 et de son premier disque Parachutes, une musique fine et raffinée, avec une solide base acoustique et une sensibilité pop typiquement British héritée directement de Talk Talk et même de la britpop, bien avant de se mettre à chanter avec Rihanna - contre qui je n'ai rien personnellement, au contraire, Riri si tu m'écoutes - ou de se perdre dans une soupe de claviers modernes. Suis-je légitime pour parler de ça cependant ? Je me suis arrêté à X&Y que je commençais à trouver indigeste malgré de bons titres (Talk, Speed Of Sound), je ne connais la suite que grâce à la radio. Une musique fine et raffinée donc. Mais non dénuée de caractère. Car il y a tout de même des parties de guitares bien saillantes et saignantes sur Parachutes. Shiver, Yellow le single tueur et puis Spies. Spies, c'est peut-être le meilleur truc que Coldplay ait sorti. Non, en fait vous pouvez prendre ma phrase précédente, mettre les verbes au futur et ajouter un jamais et puis maudire ma flemme qui m'a empêché de saisir ma gomme - et oui, cette chronique résidait sur papier dans sa première existence -, pourtant à moins d'une dizaine de centimètres de mon bloc-notes. J'en mets ma main à couper, Spies demeurera le plus grand titre de Coldplay, monument de paranoïa et de claustrophobie paroles à l'appui "But the spies hide out in every corner...", une musique de coincé d'ascenseur, seul, un vendredi soir, une musique qui vous fait regarder derrière votre épaule, à la recherche d'un regard voyeur, inquisiteur, quelque part dissimulé derrière un rideau d'une des fenêtres complices des innombrables immeubles qui vous cernent. Par extension, Parachutes, son contenant, possède une chose qui brille par son absence chez les autres Coldplay: des couilles. Ce qui en fait n'est autre que le garant de son intégrité et de sa qualité intrinsèque.

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