samedi 18 juin 2016

Archive - Controlling Crowds

2009 > Progressif/Trip hop/Rock alternatif inspiré


Chaque jour a sa vérité. Chaque jour a son lot de surprises, bonnes ou mauvaises qui vont contribuer à le rendre unique ou au contraire complètement vain ou routinier. Chaque jour a son disque, qui sera érigé en ordre du jour puis aussitôt oublié le lendemain, l'humeur et les sensibilités ayant inexorablement varié. Ce jour-là, anonyme, cela avait été le jour de gloire de Controlling Crowds d'Archive. Il y avait pourtant une relative méfiance au départ - légitime - vis-à-vis de cette galette, tant le groupe ne parvenait plus depuis son premier jet Londinium à se montrer consistant tout au long d'un album entier, même s'il ornait chacun d'eux d'au moins un diamant brut: Again sur You All Look The Same To Me, Fuck U sur Noise, Lights sur l'éponyme. Et puis Archive, c'était de plus en plus l'inextricable étiquette "ados continuellement déprimés" et le groupe à appeler en cas de rupture sentimentale comme l'est Elton John en cas de décès. On n'échappe bien entendu pas à cela sur ce Controlling Crowds qui comporte son lot de niaiseries règlementaires - surtout dans sa seconde partie d'ailleurs - et qui s'avère au final trop long. Néanmoins, il reste au rayon des agréables bonnes surprises. Les ambiances plombantes et plombées sont particulièrement réussies, tout comme les titres hip hop, sombres voire presque funestes (Razed To The Ground) et 2 titres se détachent assez nettement: Controlling Crowds tout d'abord avec sa minute électronique d'ouverture, sa mélodie entêtante, son break à la fois superbe et pathétique dans un sens ("'Coz I'm scared of the controlling crowds") et son chanteur un peu à l'arrache dont je croyais qu'il ne faisait qu'un avec celui des Happy Mondays - allant même jusqu'à me demander si Pollard Berrier n'était pas un pseudonyme, écoutez pour vous faire votre propre opinion. Et puis Collapse Collide, à la fois vénéneux et lumineux avec son superbe chant féminin et son irrésistible montée en puissance jusqu'à l'explosion du refrain et de toute la déception accumulée "They're correcting, they're rejecting... Our hearts". 
En définitive, Controlling Crowds n'est pas parfait mais il bénéficie d'une clarté et d'une cohérence de démarche de bout en bout ce qui lui permettra peut-être de s'imposer au final comme le numéro deux de la discographie d'Archive, juste derrière Londinium.          

samedi 4 juin 2016

Björk - Homogenic

1997 > Electro, Electro symphony

On nous avait prévenu que c'était un coup de cœur, mais est-ce bien suffisant pour s'arrêter là ? Non, vous en conviendrez. C'est tout au plus une raison pour s'y intéresser et se faire son propre avis avec des attentes qui sont, de ce fait, élevées. Il faisait partie de ces albums qui me narguaient pour que je daigne trouver le temps de l'écouter. C'est désormais chose faite et après plusieurs écoute, comme pour rattraper le temps perdu, on ne peut que l'apprécier. Le mot peut paraître modéré c'est vrai, mais ne vous offusquez pas si je n'en dis pas plus. En effet, quand je dis que je l'ai apprécié, cela ne vous surprend certainement pas compte-tenu des avertissement que j'en avais reçu. Pour autant, je l'ai apprécié, mais différemment de ce à quoi je m'attendais. Vous aurez compris qu'on ne parle plus en termes de qualité mais d'impressions, de l'anima qui se dégage de l'album et des réactions qu'il suscite, propres à chacun. Voilà pourquoi je ne veux pas passer une couche de qualificatifs en guise de confiture pour donner ce que serait un avis général sur l'album. A trop vouloir vanter une œuvre, on finit presque par dépiter ceux qui souhaiteraient avoir la surprise de découvrir une pépite ! C'est peut-être ça le cœur du problème : laisser chacun exprimer un ressenti personnel sur une œuvre techniquement très réussie. J'avais déjà écouté quelques titres ici ou là, mais pas l'album en entier. C'est sur ce point que j'ai eu tort. L'album est pourvu d'une cohérence tellement remarquable que l'on n'a pas l'impression de n'avoir affaire qu'à des tubes qui s'enchaînent les uns après les autres. Il ne s'appelle pas Homogenic pour rien ! Cependant, cohérence n'est pas synonyme de linéarité. On peut, en effet, assister à une variation du style au sein même d'une piste. A titre d'exemple, dans Joga, le décor est d'abord modelé par une symphonie nordique qui tombe dans l'ambiance underground par l'apparition progressive d'un groove. Savant mélange ! Ce morceau s'enchaîne d'ailleurs très bien avec Unravel, au ton beaucoup plus intimiste. Le fil conducteur de l'album est bien le mariage entre les sons electros et les instruments symphoniques et organiques, voix en chœurs comprises. Les rythmes sont assez variés d'une piste à l'autre. La voix est débordante d'énergie, avec de sublimes envolées comme sur Bachelorette ou encore avec l'usage d'un timbre qui vient interférer avec la distorsion de l'arrangement comme sur Pluto. On en est déjà à l'avant dernier morceau. Le temps passe vite avec cet album. Cette prise de conscience d'une fin imminente ne peut qu'améliorer le ressenti de All is Full Of Love. Ce titre vient somptueusement clôturer la séance dans une ambiance mystique beaucoup plus détendue qu'auparavant, comme pour nous ramener sereinement à la réalité. De subtils sons viennent nous effleurer dans toutes les directions. Une basse canalise ensuite toutes les notes éparses pour converger vers le point final.