mardi 7 octobre 2014

Celtic Frost - Monotheist

2006 > [Insérez le terme de votre choix] metal/dark ambient rituel


Groggy. Oui, groggy. J'étais totalement groggy à la fin de mon premier passage sur ce disque. Un peu à l'image de ces malheureux Brésiliens qui avaient pris un blitzkrieg en pleine tronche aussi brutal qu'inattendu lors de la dernière coupe du monde et qui erraient comme des zombies sur la pelouse, le regard perdu dans le vide, se demandant ce qu'il venait de se produire. Celtic Frost n'est pas un groupe Allemand mais c'est un voisin qui en partage la langue. Vous m'excuserez cette métaphore sportive mais là c'était plus une perche qui m'était tendue mais un tronc d'arbre. Bref. Assommé. K-O debout. Assailli par ces guitares incisives qui dessinent des riffs acérés qui prennent le temps de s'égréner avec une lenteur traumatique et vicieuse, quasi cadavérique. Assailli par cette batterie monolithique et métronomique. Assailli par ces vocaux variés, qui vont du hurlement classique d'ursidé en colère à la récitation rituelle digne d'un exorcisme ou d'une oraison funèbre, en passant par les sussurements malsains ou du chant féminin du plus bel effet, réellement un des points forts du disque. C'est en 2006 que Celtic Frost décida de remettre le couvert et par la même occasion les pendules à l'heure. Non, il n'y aura pas de prisonniers et le premier morceau tonne le ton: en effet, Progeny remplit aisément le rôle d'intro tueuse. CF n'a jamais été aussi lourd. CF n'a jamais été aussi lent. Synagoga Satanae est un coup de poignard. Mais un coup de poignard qui durerait un siècle. Interminable, comme cette fin qui fait suite à une interlude particulièrement glauque alternant larsen et vocaux parlés. CF n'est pas totalement doom, pas totalement black, pas totalement heavy. Le metal des Suisses ne remplit pas totalement une case précise et navigue entre toutes ces eaux et se permet quelques incartades vers des horizons plus étranges: Obscured est un espèce de slow metallique d'une beauté indécente que l'on croirait chanté par un Nick Cave grimé en panda, A Dying God Coming Into Human Flesh joue la carte de la schizophrénie notoire en alternant chuchotements et hurlements surhumains et des parties de guitares passant de la caresse à l'incision, le triptyque met plus d'un pied dans le dark ambient avec cette première partie Tottengott que l'on pourrait croire sortie du premier Blut Aus Nord sublimée par une voix féminine et cette troisième partie Requiem qui porte décidément bien son nom. Un requiem. Un chant de mort. Une noirceur opaque. Une procession funeraire. Monotheist c'est un peu tout cela à la fois. C'est aussi une nouvelle pierre noire à l'édifice Celtic Frost. Ex Tenebris Lux.

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